Voyage Sète – Jour sept

Voyage Sète – Jour sept

9 novembre 2019 0 Par Amaury

Je me trouvais maintenant face à la mer, sur un banc, avec à ma gauche un errant qui se posait pour la nuit, et à ma droite un couple en train débattre de leur avenir.

 

Et eux ? Comment me définissaient-ils ? Certainement comme une personne perdue. C’est ce que j’étais, déboussolé. Revenant d’une soirée d’extase, entouré de la chaleur humaine, alors qu’à ce moment ce fut le retour à la solitude parmi les esprits égarés de la nuit.

 

Par leur présence, ces âmes me rassuraient, je restais alors décidé à voir le temps passer sur ce banc. Et oui, du temps j’en avais puisque mon train décollait à 5h et que je n’avais pas d’endroit où dormir. La nuit sera blanche.

 

La fatigue s’installait rapidement, je devais maintenir mon état éveillé. Une feuille, un stylo, une conclusion. Voilà ce qui m’aidera à tenir davantage.

 

Amaury, à 1h du matin, après une semaine nomade et un objectif accompli  ;

 

Bon, il est temps de retracer un peu cette expérience. Surtout après cette soirée tant attendue.

Je me suis posé devant la mer pour écrire, mais il faut que j’avoue que l’alcool commence à faire effet.

Comment je me sens actuellement ? Satisfait, satisfait de m’être mis un objectif à atteindre. Celui de réaliser cette soirée avec seulement l’aide des gens. Satisfait, mais le concert manquait d’un petit quelque chose, une chose qui aurait pu véritablement rendre cette soirée extraordinaire, la présence de mes proches. Malgré les rencontres réalisées, le concert aurait été intensément vécu avec eux. C’est le fait de partager un événement que celui-ci devient unique.

Durant le concert, j’ai repensé à mon parcours et mes périples. Tout cela je l’ai fait sans abandonner, pourquoi ? Parce que je savais que je devais avancer. Sans même penser que c’était pour ce concert, juste parce que je voulais me démontrer qu’avec de la persévérance, je pouvais y arriver. En tout cas, j’ai pu réaliser que pour la première fois, je n’ai pas rêvé d’une aventure en écoutant ces mélodies, j’ai simplement pensé à ma vie, à mon voyage. C’est à ce moment que j’ai été fier de réaliser ce que j’avais accompli. À la place de songer à un autre destin, j’ai enfin pu constater que ma propre vie était un exemple si je m’en donnais la peine. Durant cette semaine, j’ai souvent galéré. Sac lourd, chemin interminable à pied, fatigue des courtes nuits, appréhension face à l’inconnu, le regard des gens.. Pourtant, je me souviens principalement des moments positifs et agréables. La galère, j’en ai eu, mais j’ai toujours avancé, malgré que je sois encore habitué à mon confort de vie actuel.

Je pense que c’était par nécessité, pour répondre à mes besoins de sommeil et de nourriture. La fatigue a du me faire perdre quelques principes personnels.

Je sens maintenant que je pourrais réaliser le tour de France, voir même le tour du Monde. Il faudra néanmoins que je m’approche plus des gens pour vivre la vie locale, et m’intégrer totalement du voyage.

Est ce que ce voyage m’a changé ? Je ne pense pas vraiment, je reste un poil plus confiant qu’avant, mais j’ai été globalement optimiste pour ce projet. Je ne suis donc pas étonné de l’avoir réussi.

 

Je rajouterais aujourd’hui que ; Ce n’est pas tellement le fait que l’objectif soit accompli qui permet de réussir un voyage. C’est surtout le fait d’avoir vécu ce chemin, de le réaliser par la force et présence des gens, de sortir du confort pour progresser, et de se donner les moyens de continuer.

 

De comprendre que l’ambition n’est plus ambition, mais seulement un projet.

 

Après cet égarement pseudo-philosophique, mon cerveau ne demandait que quelques minutes de repos. Mais je refusais de rester à cet endroit, je préférais plutôt rejoindre le centre et marcher pour rester éveillé.

 

Deux heure du matin, je me retrouve dans le cœur de Sète, avec comme seule compagnie les lampadaires éclairant faiblement les ruelles. Je m’assis dans un parc, et fermai les yeux quelques secondes, qui se transformèrent en dizaines de minutes lorsque je repris mes esprits. Ne souhaitant pas dormir sur place, je continuais à marcher peu à peu jusqu’à la gare, en me posant sur un banc tous les quatre cents mètres pour alléger mon cerveau.

 

Je continuais jusqu’à arriver face à la gare, à 3heures du matin, en apercevant au passage des pêcheurs profitant de l’activité nocturne des poissons. À la gare, j’espérai pouvoir m’y poser en sécurité à l’intérieur. Au contraire, celle-ci était fermée et ce jusqu’à l’arrivé de mon train. Le cadran au dessus du parvis de la gare me rappelait que j’avais deux heure à tuer, et que le temps se faisait lent lorsque l’on y fait attention..

 

Je restais équipé d’un tee-shirt et d’un short, je ne ressentais même plus la fraicheur de la nuit. Mon cerveau me fera définitivement comprendre qu’il n’était plus capable d’assumer ma persévérance, il me déconnecta subitement de la vie réelle. J’étais ainsi couché sur le parvis, vulnérable à toutes mauvaises intentions.

 

Alors en état de somnolence, je me rappelle que ce qui m’avait réveillé était une voix penetrant dans ma tête, mais sans savoir si c’était un rêve ou la réalité. Je ne souhaitais pas répondre et rester dans mon monde, mais un petit coup d’adrénaline me fit prendre conscience que cette personne n’était pas seule, et que la nuit commençait à disparaitre progressivement. Il était cinq heures du matin, je comprenais alors que la foule de gens autour de moi étaient les futurs passagers de mon TER attendant l’ouverture de la gare. Tout en reprenant conscience, je constatais qu’un inconnu s’intéressait à ma situation, je répondais inconsciemment avec un certain manque de lucidité, le temps d’émerger et de me tirer de cette intense somnolence. Cet homme était particulier et quelque peu inquiétant, mais peut-être que sans lui j’aurais raté mon train.

 

Sans plus attendre, je montais en gare accompagnés des autres passagers qui portaient un jugement sur l’état duquel je sortais. Le train me permettra rapidement de retrouver Strasbourg en tout quiétude, pour finir par mon village de départ, Erstein.

 

Jusque là, je n’ai éprouvé aucune fierté et réelle satisfaction de ce voyage. Je savais que je l’avais grandement réussi, mieux que dans mes projets et rêves, mais je pensais certainement déjà aux futurs périples.

 

Merci d’avoir suivi mon histoire.

 

Amaury

 

Trajet final
Chemin réalisé