Voyage Dordogne – Jour cinq

Voyage Dordogne – Jour cinq

14 février 2021 0 Par Amaury

Mercredi 26 août 2020

Sous le tintement constant et répété de la sonnerie, c’est un rapide retour à la réalité qui me réveille. À peine le temps que le cerveau émerge, que je ressentais déjà une lourdeur intense au niveau des genoux. Lourdeur qui se définissait tout simplement par d’importantes et intenses courbatures causées par les efforts de la veille.

Je me levais en respectant les horaires de mon hôte qui devait se rendre à son emploi. On partagea le petit déjeuner ensemble et les dernières anecdotes avant de se quitter aux aurores de la journée.

Par chance, Joyson me laissa son garage à disposition pour laisser et récupérer mon vélo dès que j’en avais envie. Je pouvais ainsi errer dans Sarlat sans mon équipement volumineux.

Sarlat est charmante, mais reste maussade de bon matin lorsque seules les quelques voitures se croisent, tout en dévisageant du regard les rares et capricieux touristes qui errent, à ma façon, prématurément dans la commune. Je ne cherchais pas à explorer ce site historique, malgré ses qualités architecturales, mais plutôt à trouver une petite aire de repos pour détendre mes muscles brutalisés de ces derniers jours de voyage.

Sarlat – Marché du jeudi

Nuageux et brumeux, le temps n’aidait pas à contempler les nombreux bâtiments pittoresques , aucune lueur pour égayer cette matinée. Seul le sentiment de ne pas à reproduire la difficulté de la veille me permettait de profiter pleinement de chaque instant. J’avais également prévu de réaliser un déjeuner avec les produits locaux, une sorte de brunch périgourdine mêlant modernité et tradition.

Arrivé dans le cœur de la cité historique, je découvrais par coïncidence l’installation progressive d’un marché alimentaire, qui s’avérait être le marché hebdomadaire prisé dans les activités touristiques du secteur. Je pouvais déjà réaliser une rapide prospection pour me concocter une idée du festin du futur déjeuner.

Le temps de laisser le marché s’ouvrir, je me dirigeais vers un parc pour débuter à retranscrire, à l’aide de mon petit calepin, tous les évènements des précédentes journées. En raison d’annotations qui partaient en longueur, et d’une faim qui se faisait grandissante, je n’avais même plus la force et motivation de poursuivre cette rédaction. Je m’imaginais seulement en compagnie de ses divers fromages et charcuteries à déguster péniblement, en attendant d’attaquer la tarte aux noix si attendue dans ce voyage..

Je me hâtais alors en direction du centre-ville pour en finir avec ce fantasme culinaire et remarquais rapidement que la circulation était plus dense qu’auparavant. Des voitures, par dizaines, toutes collées les unes aux autres patientaient dans les rues avec l’espoir de récupérer une place de stationnement. À ce moment, je craignais légèrement l’afflux de touristes venus apprécier le marché de Sarlat, et ce fut bien la cas puisque je me retrouvais face à une foule immense aux abords du centre.

Cette masse me mettait au défi de récupérer mes produits le plus rapidement possible avant une nouvelle horde supplémentaire de touristes. À coups de vifs crochets, d’arrêts brutaux et d’accélérations précipitées, je me faufilais à travers les rares et sinueux passages qui me permettaient d’éviter les nombreuses familles aussi bien étrangères que locales. C’est par des mouvements quelques peu rythmés et dotés d’une certaine agilité que j’évitais tout contact au corps à corps pour prévenir un cluster généralisé.

Je me sentais tel un résidant cherchant désespérément ses produits du marché. On peut s’imaginer cette traversée, tel le laborieux franchissement des marchés de Noël de Strasbourg lors des pires créneaux imaginables . J’arrivais tout de même à récupérer furtivement une ficelle d’un côté, des fromages de brebis de l’autre, tout en fixant du regard les autres terrines de canard et foies gras connues et reconnues de la région. Jusqu’à arriver à mon désir ultime, la tarte aux noix ! Malgré ses lits successifs de beurre et de sucre, des aphtes que les noix lèguent en héritage, cette pâtisserie reste un immense coup de cœur parmi les nombreuses gourmandises connues. J’en commandais ainsi pratiquement un demi-kilo, j’admettrai par la suite que ce fut légèrement exagéré.

La course effectuée, je retrouve ma place au parc pour déguster avec voracité ces produits rudement acquis ! Il n’était pas même midi, que je ne pouvais déjà plus résister à me régaler de ces saveurs locales.

Après une brève ellipse de digestion et sieste réparatrice, je récupérais mon vélo et descendais sans efforts en direction des châteaux les plus célèbres de la région, Castlenau et Beynac. Ces châteaux ont le charme de surplomber le fleuve, tout en se faisant face depuis des siècles d’existance. Je ne gambadais que dans la vallée, c’était une journée de repos. Je passais par la commune en partie troglodytique de la Roque-Gageac, commune à moitié construite dans la falaise, faisant face elle aussi à la Dordogne.

Dans la vallée escarpée de la Dordogne
La Roque-Gageac

J’en profitais pour refaire le plein de rations à l’un des rares commerces du secteur, en prenant soin de remplir mes bouteilles d’eau dans les restaurants de proximité. Le ciel s’était bien dégagé et c’est avec une chaleur écrasante que je poursuivais tranquillement ma visite du territoire. Je scrutais précocement et attentivement la carte pour repérer un lieu de bivouac, je cherchais absolument un site pouvant m’offrir la proximité des châteaux et du fleuve durant une nuit. Malheureusement, nombreux sont les campings a avoir déjà initié l’idée et occupant les plus belles places existantes.

Jardins de Marqueyssac – Vue sur le château de Beynac (droite) et des Milandes (gauche)

Incertains de l’étape du soir, je m’installais tout de même dans la commune de Castelnaud-la-Chapelle, sous le château du même nom, pour y finir l’après-midi sur une grand aire de repos située au bord du fleuve. Je n’étais évidemment pas le seul, c’était un coin connu pour s’y rafraichir ou y faire une halte en canoë.

Castelnau-la-Chapelle surplombant la Dordogne

Je profitais de la faible profondeur d’un affluent à la Dordogne, le Céou, pour y reposer mon corps. Sa fraicheur digne d’une source de montagne permettait de tonifier les muscles et de réduire les sensations de courbatures. Une dizaine de minutes suffiront à me sortir de cette sieste curative, pour revenir dans le fleuve de la Dordogne qui surprend par sa température bien plus élevée.

Je ne cherchais finalement plus à scruter d’autres endroits, je restais en effet sur place pour installer mon hamac. Je posais ainsi mon bivouac à l’abri des regards, dans la mince ripisylve. Cependant, le site était occupé jusqu’à la fin de journée, j’attendais leur départ. Ce soir là, je souhaitais tenter une cuisine plus commune et gourmande et pourtant pleinement envisageable avec le matériel apporté. C’est donc des pâtes au pesto pour cette fin de journée !

Les habitudes des veillées précédentes se remettent en route, entre nettoyage du matériel de cuisine, rangement des équipements, toilette au savon, installation du hamac, changement d’habits, avant de pouvoir s’allonger tranquillement. Plus personne ne semblait être présent, je pouvais ainsi lâcher ma vigilance et me plonger dans un sommeil..

Castelnau-la-Chapelle – Quatrième bivouac du voyage

Pourtant, c’était sans compter la présence impromptue d’une troupe de jeunes venue la nuit tombée qui passait à côté de mon hamac pour terminer sur la plage de galet. J’avais en effet installé mon bivouac sur un lieu de passage, entre la prairie et la plage.. La surprise pour les deux parties était la même, pour eux découvrir un voyageur en plein repos et pour moi d’observer une masse de gens s’attrouper devant moi. Je ne les gênais à priori pas puisqu’ils empruntaient le faible espace que je laissais sous mon hamac.

Un à un je les entendais descendre dans l’obscurité, je me doutais qu’ils étaient nombreux avec toutes les différentes voix que je pouvais entendre. Bien qu’étonnées, ces personnes m’inviteront rapidement à les rejoindre sur la plage pour le dérangement causé. Sans y réfléchir davantage et malgré la légère fatigue, je me hâtais et quittais mon hamac pour rejoindre cette équipe insolite. Je partageais ainsi jusqu’à la fin de soirée quelques verres avec ces jeunes qui n’étaient finalement qu’une équipe d’un restaurant et qui fêtaient leur fin de saison.

Itinéraire du cinquième jour