Voyage Dordogne – Jour huit
Samedi 29 août 2020
Une journée bien triste, pour un itinéraire tant attendu. Le temps reste gris et menaçant, mais ne sera pas passé à l’acte cette nuit. Je repli ainsi sereinement ma tarp, avec autant d’efforts de logique que j’avais tenté de l’installer.
C’est alors l’heure du petit thé quotidien, pieds au bord de l’eau, à contempler les légères vagues d’une régulière monotonie hypnotisant. Une tranquillité sincère à déguster autant que l’on le souhaite.
J’enfourche ensuite mon vélo, élance d’un coup de pédale habitué la charge me paraissant légère à cette étape du voyage, et poursuis ma route en direction de Montbazillac et de ses coteaux que je souhaite tant découvrir. Un secteur rural s’offre à mon itinéraire, j’emprunte tout d’abord plusieurs chemins coupés par les nombreuses intersections et par une succession de village dans un territoire marqué par une agriculture ancestrale.
La route n’en ai pas pour autant moins plaisante, je poursuis doucement mais surement mon ascension sur le piémont, bordant le pied des collines et côtoyant les vastes prairies, le tout avec un paysage ouvert sur la large expansion de la vallée de la Dordogne.
L’ascension se fait soudainement brusque, je débutais une succession de plateaux à gravir, brièvement mais intensément jusqu’à retrouver des chemins abordables. La dernière montée présentait même 30% de pente, je tentais de prendre beaucoup d’élan, mais les trois premiers mètres fut fatals et j’étais ainsi obligé de remonter la piste à pied, dans la situation identique à celle vécue dans la commune de Brive-la-Gaillarde (Voyage Dordogne – jour trois).
Cette intense montée m’a cependant permis d’accès aux vignes Bergeracois, Je profitais ainsi d’un panorama à 200° sur la vallée et sur ces coteaux rappelant quelque peu la route des vins d’Alsace, tout en circulant sereinement sur une route absente de circulation qui me dirigeait droit vers la commune de Montbazillac.
Cette petite commune, installée au sommet d’une montagne, surplombe la vallée de Bergerac. Elle ne paie pas de mine à première vue, dumoins dans le centre, car elle est composée d’innombrables lieu-dits fragmentés par de larges parcelles de vigne. Chaque lieu-dit a son « chateau », dénomination d’un domaine viticole qui exploite dans les coteaux locaux.
L’endroit est resté authentique, et la tourisme y est peu développé. Tellement que la boulangerie la plus proche est à plus de trois kilomètres ! Je m’y dirigeais pour récupérer de quoi déjeuner, avant de retourner aux abords du château de Monbazillac.
J’apprendrai dans le même temps que le vin appellation Montbazillac ne se fait pas avec les raisins actuels, que j’appréciais en fin de déjeuner, mais que les grains étaient volontairement triés pour ne récupérer que les grains nobles. Une bactérie serait en effet responsable du taux très sucrée de ce vin liquoreux, qui viendrait avec la moisissure et consommerait l’eau du raisin en sucre, concentrant davantage le cépage en sucre. Ce que l’on appelle alors pourriture noble, est soigneusement récoltée à la main à raisons de plusieurs passages, pour récupérer les grappes de la meilleure qualité possible.
C’est un art et savoir-faire de produire un tel cru. Une centaine d’exploitant seulement est présente dans le vignoble, pour une surface plutôt faible en vigne. La couleur doré de ce vin s’apprécie d’autant plus lorsque l’on connait l’histoire derrière.
En attendant, je commence à distinguer la pluie qui arrive en direction de Bergerac, quelques kilomètres en bas de mon localisation. J’en profite ainsi pour repartir en vitesse, et rejoindre le centre de Bergerac à l’abris.
À peine arrivé que la pluie tombait, légère et plutôt agréable finalement. Je m’amuserai à découvrir à vélo les nombreuses allées étroites de la ville et ses ruelles en pente, tout en évitant les touristes disséminés un peu partout.
Avec un peu d’avance, je me posais sur une terrasse pour retranscrire les évènements des jours passés, en attendant de retrouver mon hôte de cette nuit. J’avais réussi à trouver un couchsurfeur, Christophe, prêt à m’accueillir, et qui logeait près du centre, je le rejoingnais ainsi en fin d’après-midi, et posais mes affaires au chaud et surtout au sec. Il m’incitait à faire comme chez moi, et me laissa les clés de l’appartement durant son absence jusqu’au milieu de soirée.
J’en profitais alors pour me diriger vers le centre-ville et trouver un restaurant pour découvrir les produits locaux, tout en étant libre de mes . Je tentais de trouver un établissement préparant des mets composés de canard et de sa graisse recouvrant les pommes de terre sautées.. un régal rien que d’y penser ! Malheureusement, nous sommes samedi, et même en fin de saison tout est complet dans les restos les plus connus. Je me rapatrie sur un burger basique, mais comblant correctement ma frustration.
Je retourne sur mes pas pour retrouver mon hôte et sortir profiter encore de la soirée. Malheureusement ce dernier aura un empêchement lui obligeant à rentrer en fin de soirée. Je n’étais pas pour autant bloquer puisque j’avais le double des clés, je commençais alors à me poser dans ma chambre pour récupérer.
Paradoxalement, j’ai eu une légère angoisse de me retrouver seul dans ce logement qui m’était inconnu. Pourtant au chaud et en sécurité, il n’y avait pas de raison, cette sensation je ne l’ai jamais ressentie lors de mes nuits à l’extérieur. Comme si je m’étais habitué à un espace libre et découvert, et que soudainement on m’enfermait entre quatre murs, à l’abri de la lumière naturelle et des bruits environnants. Mes sens ne souhaitaient pas accepter un changement si brusque.
Je me sentais plus en sécurité à l’extérieur, que seul dans un logement dont j’ai les clefs. J’entendais finalement mon hôte rentrer en fin de soirée, cela me permis de trouver le sommeil avec confiance.
