Voyage Dordogne – Jour deux

Voyage Dordogne – Jour deux

24 janvier 2021 0 Par Amaury

Dimanche 23 août 2020

Le hamac, aussi confortable soit-il, manque d’un petit quelque chose.. d’isolation au niveau du dos! Bien que cette période fut marquée par une canicule insistante, les nuits se rafraichissaient au fur et à mesure que l’on terminait le mois d’août. Les températures nocturnes dépassaient à peine la dizaine de degré Celsius.

Sous l’effet du poids, les couches isolantes des équipements de repos se tassent, soumettant directement notre peau à l’air ambiant extérieur. L’avantage reste que l’on se recroqueville encore plus dans un cocon où l’on profite du reste du corps qui garde encore sa chaleur . On ne subit plus, on cherche seulement à trouver la position la plus agréable qui soit.

J’en sortirai pas avant longtemps de ce hamac.

Les Mérigots – L’animal infatigable

Le chien, dont je ne retiendrais pas le nom, sera le premier à venir me tirer de mes draps. Si dynamique et si impatient, il m’incitait d’un air curieux à profiter de cette matinée ensoleillée. Lorsque j’y réfléchis aujourd’hui, c’est un appel à jouir de la vie. Il me pousse à sortir de ma bulle de confort et à contempler et ressentir la chaleur qui reprend place.

D’un appétit véloce pour m’enfiler des tranches de pain d’épice tartinées de beurre de cacahuète, c’est sous les yeux regrettables du chien que je me comblais avec plaisirs de mes rations du matin. Au gré du levé de soleil, je partageais ce moment avec mon hôte qui ne semblait pas se lasser de ces matinées paisibles sous les teintes orangées du soleil, accompagnées de la mélodie des oisillons cachés sous les tuiles anciennes et par la fraicheur de la rosée du matin qui perlait encore sur les fenêtres.

Les Mérigots – L’ambiance matinale au levée du soleil

Une dernière gorgée de thé et de mélancolie et c’est reparti sur la route. Sous un ciel de moins en moins perceptible par les nuages, je ferai un adieu sincère à Christian et sa compagne, ainsi que des souvenirs restant à jamais en ce lieu.

Les Mérigots – Une dernière image avant de retrouver la route

Sur le chemin, j’étais persuadé que ces instants inoubliables étaient finalement dû à la présence des proches, des rencontres, discussions et activités partagées dans ce lieu. Je n’avais alors plus la peine de revenir en ce lieu pour revivre ces instants, le deuil cessa.

Pour le moment, je récupère les chemins que mon pète pratiquait dans sa jeunesse pour poursuivre mon périple. Plus j’avance, plus un sentiment de nostalgie s’installe en moi. de Brouchaud à Sainte-Orse, je retrouve ce léger moment de sérénité que je ressentais lors des derniers voyages avec ma famille.

Brouchaud – L’ambiance brumeuse du matin
Brouchaud – La source du Blâme
Brouchaud – Ancienne école reconvertie en gîtes

Malgré une légère rusticité du quotidien, le rythme de vie y a l’air bien plus insensible au stress ambiant de nos villes voisines. Une atmosphère d’un temps révolu y règne.

Brouchaud – Le profil des prairies typiquement vallonnées
Gabillou – Étape inévitable
Sainte-Orse – Atmosphère menaçante et pourtant paisible

C’est en suivant la direction de Tourtoirac que je me retrouve à franchir quelques légère cotes, dans une bruine intense mais impactant faiblement ma détermination de poursuivre mes objectifs.

À la suite d’efforts continus, j’atteins les crêtes. Ces chemins en altitude me permettait de sortir des nuages et de découvrir des paysages à pertes de vue. Le Périgord est bien connu pour ça, gravissez un mont et vous aurez tous les autres aux alentours dans votre champ de vision. C’est ce type d’itinéraire que j’espérais bien suivre.

Ce moment sera de courte durée puisque Tourtoirac se situe en fond de vallée. Malgré tout, la déclivité me permettra de reposer mon corps déjà bien erreinté de la journée précédente et de rejoindre rapidement Hautefort pour y déjeuner.

Hautefort – Le château de Hautefort
Hautefort – Une brève pause sous le château

Je me posais ainsi sur le jardin du château de Hautefort pour récupérer de la matinée. Le soleil apparaissait une nouvelle fois et ma motivation toujours avec. Je repartais sans plus attendre en direction de Thenon où j’espérais en premier lieu y passait ma nuit chez un Couchsurfer, je souhaitais voir du pays et des gens du pays. Cependant, ce type de voyage oblige généralement d’adapter ses objectifs en fonction de son avancement, ainsi je ne demandais des nuits que la veille de mon arrivé. Dans ce cas, les réponses sont rares d’autant plus que le choix d’hôte est très limité dans ce territoire. Je n’avais alors aucune certitude d’avoir un toit pour la nuit, mais j’en avais toujours l’espoir.

L’après-midi se faisait durement ressentir avec de nombreuses montées, parfois sévères, mais je tentais de ne pas lâcher un pied à terre. Je moulinais autant que je pouvais pour retrouver les plateaux d’altitudes et panorama à pertes de vues avec fierté. Ce fut une journée éprouvante, mais riche en paysages variés.

J’arrivais à Thenon plus tôt que prévu, après une dernière et intense monté, où j’aurai même eu le luxe de dépasser un vélo électrique Ce dernier, se sentant certainement vexé, enclencha par la suite sa seconde vitesse pour me dépasser et me larguer sur 200m. Je le suivais tant bien que mal, sans mettre pied à terre jusqu’à l’entrée de la commune de Thenon.

Thenon – Sur la route menant à la dernière étape de la journée

J’avais de l’avance sur mon parcours, je pouvais me permettre de prendre de l’avance sur mon parcours. J’étais alors décidé à atteindre Montignac avant la nuit. C’était une surprise lorsque je découvris que la commune qui abrite les grottes du Lascaux était en fond de vallée, il n’y avait en effet qu’une longue et lente descente à réaliser sur la route des noix et le long du cours d’eau La Laurence. Ces derniers kilomètres me permettait d’économiser mon énergie pour le lendemain tout en profitant des paysages environnants.

Auriac-du-Périgord – Sur la Route des Noix

Malheureusement, je ne recevrais aucune réponse des Couchsurfers, je devais alors m’installer en bivouac pour la nuit. À peine le temps de me poser dans le centre de Montignac que je devais déjà identifier aux alentours des lieux sûrs pour y passer la nuit. Ce type de bivouac nécessité d’avoir un point d’eau à proximité, en plus d’être éloigné des activités humaines. C’est un exercice épineux dans un territoire inconnu, mais exaltant à vivre.

La Vézère est le cours d’eau qui traverse la commune de Montignac, c’était donc mon premier point de repère que je me devais de suivre pour repérer un lieu acceptable. Cependant, proche de la ville, les chances de trouver un secteur sans activité étaient maigres. Je m’étais dans un premier temps concentré sur les petits ruisseaux isolés de la ville dans les collines et visibles sur les cartes de Google Maps. Pour les retrouver, je devais remonter dans les quartiers perchés de la commune, et disons qu’à ce moment mon corps n’avait plus suffisamment d’énergie pour assumer les derniers efforts. Les chemins étaient tout simplement éprouvants, mes jambes n’avaient plus la force de faire avancer le vélo et ses bagages. Tout en poursuivant mon objectif à pied, jusqu’à thalweg encaissé du ruisseau, je m’aperçus que celui-ci était à sec. C’était plutôt évident pour une telle saison caniculaire.. A bout de forces et de nerfs, je n’avais plus le choix que de faire demi-tour et cibler La Vézère.

La nuit commençait à se faire sentir, le soleil était caché et les voitures allumaient déjà leurs phares. Cette situation devenait tendu, je commençais à perdre mes moyens et à paniquer de ne pas trouver de refuge sécurisé. Pour calmer mon anxiété, je m’autorisais un confort en tentant de m’installer à un camping, quitte à payer la nuit dans un voyage qui se voulait alternatif. Néanmoins, j’ai eu la bonne surprise de me voir refuser le bivouac car ce n’était réservé qu’aux véhicules motorisés, alors que de larges prairies vertes permettaient un bivouac confortable et sécurisé. J’ai ainsi dû me résigner à aller plus loin dans mes convictions pour trouver un refuge improvisé aux alentours et avant que la nuit noire ne tombe.

Ce voyage n’était pas simplement qu’une performance à vélo, c’était aussi un mode de vie où l’autonomie et la confiance en ses capacités étaient les clés de la réussite. J’avais la nécessité d’assurer mon alimentation, mon repos tout en gardant une hygiène convenable. C’est un défi éprouvant, mais si satisfaisant pour sa propre estime.

Après quelques kilomètres parcourus, j’arriverai à découvrir un lieu en bord de rivière, à proximité d’un impressionnant ouvrage hydraulique qui limitait la fréquentation humaine. Aussi, la ripisylve était suffisamment dense pour y accrocher mon hamac tout en discrétion,point à ne pas négliger pour ce type de bivouac. Je prends tout de même le temps d’observer autour de moi les éventuels activités avant tout installation définitive. Coup de chance, une maison à première vue inhabitée se situe juste à côté, avec une voie semi-privée pour accéder à leur jardin. Je décide de m’installer dans cette voie qui semble rarement empruntée.

Montignac – La collation de fin de journée au bord de La Vézère

En prévision des regards indiscrets, j’installe le hamac uniquement lorsque la nuit débute dans une quasi-obscurité. En attendant ce créneau, je me prépare des « Yumyum » et m’en enfile trois paquets, tout en observant deux pêcheurs sur la berge d’en face qui ne semblent pas vouloir quitter les lieux malgré la fin de journée. Cette présence ne me rassure pas, mais je ne me cache pas et leur fait face pour ne pas paraitre suspect. Heureusement, ils n’avaient pas la possibilité de me rejoindre à pied. Après une heure de jeux de regards incessants et de doute sur ce lieu de bivouac, je les verrai se lasser de ne rien pêcher et quitter les berges de La Vézère. J’en profite alors pour installer mon matériel de bivouac, tout en pensant cette fois à ajouter mon matelas gonflable qui fera office de couche d’isolation.

Montignac – Second bivouac de ce tour du Périgord

À la nuit tombée, je m’installerai rapidement dans mon hamac. Malgré une forte envie de repos, je devais être attentif à tous les bruits environnants et seul mon ouï me permettait d’obtenir des informations aux alentours. Pour autant, la fatigue était plus intense que les craintes d’une éventuelle insécurité, mon esprit s’assoupira rapidement.

Itinéraire de la seconde journée