Voyage Dordogne – Jour quatre

Voyage Dordogne – Jour quatre

13 février 2021 0 Par Amaury

Mardi 25 août 2020

Idyllique, c’est la terme que j’emploie pour avoir la chance de contempler chaque début de journée. Avec une sérénité totale d’être installée confortablement au chaud dans son sac de couchage, on se contente d’observer le paysage qui se dévoile peu à peu que le soleil se lève.

Le moment présent devient une source de contemplation, on se détache de nos dépendances quotidiennes et on se concentre sur les richesses simples et heureuses qui nous entourent. À l’inverse d’une morosité quotidienne qui s’accumule, notre esprit jouit d’une longue série de découverte entre nouveaux paysages, événements inattendus et nouvelles rencontres.

Suite à un interminable mais paisible épisode de rangement, et par la perte définitive de mon Lagiole fraichement acquis, je démarrais la quatrième étape de ce tour. Direction la vallée du fleuve de la Dordogne. Lieu très attendu pour profiter du cadre sublime et des pistes facilement praticables entre châteaux et plages improvisées.

A nouveau sous un soleil pesant, je poursuivais le chemin le long des parcelles de noyers visibles à perte de vue. Désormais, je n’entendais plus que la sonorité rythmée de mon vélo, entrainée par les rotations incessantes de mon pédaliers. La topographie était bien plus accueillante dans ce territoire, avec les conseils de ma famille je prenais le soin de faire un détour dans la commune de Martel qui à priori valait le coup d’œil.

En direction de Souillac

En arriver jusque là était une belle épreuve, autant mentale que physique. J’avais désormais enfin l’opportunité de profiter pleinement du voyage au bord de l’eau et des châteaux surplombant la vallée. La photo ci-dessus présente la voie permettant de quitter les chaines montagneuses pour arriver enfin dans la vallée de la Dordogne.

Souillac – Les prémisses de la Dordogne (fleuve)

Jour de chance, j’avais la chance de pouvoir être accueilli en cette soirée dans la commune de Sarlat, le secteur le plus touristique du Périgord. C’est un couchsurfer qui avait accepté rapidement ma demande, j’aurais ainsi l’opportunité de teste pour ma première fois le Couchsurfing. En pleine discussion avec mon futur hôte, il me proposait des itinéraires et détours à découvrir le temps qu’il se libérait de son travail. C’était un fan du voyage un vélo, il était heureux de me partager ces circuits.

Souillac – Au bord de la Dordogne

J’en profitais pour suivre la voie verte, une des seules pistes entièrement cyclable du Périgord, au bord de la Dordogne. Cette voie me permettait de m’installer sur les berges le temps de me rafraichir dans l’eau limpide et fraichement tempérée de la Dordogne. Ce fleuve est caractérisé par sa pureté grâce à ses nombreux affluents montagneux préservés, par sa température élevée due à sa faible profondeur et aux nombreux minéraux calcaires présents dans l’eau, ainsi qu’à son courant modéré très appréciable pour le canoë.

Les roches sous les pieds sont un mélange de pierres argileuses et pierres ocres comme ce que l’on peu visualiser dans la commune de Collonges-La-Rouge. Et quelle tranquillité au bord des points d’eau, peu de touristes et aucune station balnéaire dégradant cette nature semi-sauvage.

Voie verte – Un des nombreux points où l’on peut se rafraichir les pieds

Il n’était nullement nécessaire de se sécher avant de reprendre le chemin, les quelques courants d’air chaud me permettaient de mettre à sec mes vêtements sur la route du château de Fénelon, chemin préconisé par mon hôte. Je dois avouer que j’avais également réalisé ce détour dans le but d’élargir mon itinéraire, et découvrir ces quelques communes légèrement isolées du secteur touristique.

Un objectif qui s’avéra tout de même laborieux pour grimper la petite colline où se profilait les fortifications médiévales du château de Fénelon. Cette piste n’était empruntée par aucun autre cycliste, pour cause puisque qu’un autre accès permettait de faire l’ascension à travers plusieurs boucles accessibles aussi bien aux vélos qu’aux voitures. L’avantage avait été que c’était le chemin le plus court, mes muscles avaient pu éprouver leur dose d’efforts du jour.

Château de Fénelon

Il faut tout de même savoir que la plupart des châteaux en Dordogne sont privés et appartiennent à une famille, qui, avec l’aide d’associations, restaurent, entretiennent et organisent des visites pour le public. Je ne m’intéressais pas davantage à son histoire malheureusement, j’avais encore un peu de route à réaliser.

Je me dirigeais ensuite vers Sarlat. qui demandait encore un effort pour pouvoir rejoindre cette commune perchée des les collines. On devait emprunter une seconde voie verte, ancienne voie ferrée, pour environ une heure d’ascension sur trois cents mètres de dénivelés au total. Cette montée avait été tellement éprouvante que j’en sentirai les conséquences le lendemain.

Arrivé à Sarlat, je me dirige vers mon lieu d’hébergement qui se situe par chance au centre-ville, dans l’une des nombreuses ruelles pittoresques. Je rencontrais mon hôte, Joyson, qui sortais précipitamment de son logement pour m’accueillir. Je rangeais mon vélo dans son petit local semi-enterrée, j’y apercevais ses deux vélos de courses qu’ils utilisaient pour ses nombreux voyages.

Sarlat – Hébergement de la quatrième journée (maison à gauche)

Il me fait découvrir sans plus tarder sa maison qui, malgré sa taille modeste, présentait de nombreux espaces de vie. On y retrouvais ainsi la chambre d’ami à l’étage, le salon et la cuisine au rez de chaussée, la chambre principale un étage en dessous et enfin la salle de bain un étage encore plus bas affleurant les escaliers de la ruelle extérieure. On se retrouve dans un dédale de pièces imbriquées les une sur les autres, je me plaisais descendre ses nombreux escaliers en même temps que les touristes dans la rue adjacente.

Joyson est quelqu’un qui apprécie l’activité, à peine arrivé que la musique bat son plein et qu’il m’apporte un virgin mojito pour me désaltérer! On se pose ainsi sur le canapé et on discute de nos vies et de nos projets. Il n’est pas impressionné par mon aventure, le voyage est pour lui une normalité et même une nécessité. J’apprendrai ainsi que de son côté il revenait tout juste d’un tour d’Islande à vélo en solitaire et complète autonomie. Nous n’étions pas dans la même aspiration, il était davantage dans la performance malgré son envie de rencontrer les locaux sur place. l’Islande est très sauvage et peu de gens résident hors des grandes villes, il resta ainsi seul durant la majorité de son voyage, à dormir sous les vents et pluies typique de cette terre inapprivoisée.

Sarlat – chambre privative de la cinquième journée

Fan de cinéma, il me proposait de l’accompagner voir un film à Sarlat. Il m’expliquera que Sarlat est une commune célèbre pour les cinéphiles, avec son complexe cinématographique qui accueille des long-métrages peu diffusés en France métropolitaine, le plus souvent en version originale. A force de discuter, nous en oublions presque notre séance de cinéma, nous étions partis d’un pas précipité voir le film dont je ne connaissais toujours pas le sujet. Il m’indiqua sur la route que l’on allait visionner le film « Tenet », de Christopher Nolan. Je pensais que celui-ci sortait plus tard en salle, et pour cause, c’était l’avant première mondiale du film en version originale ! Le Covid-19 avait fait retarder l’avant première aux États-Unis, permettant à la petite commune de Sarlat de devenir le premier diffuseur de la VO au monde ! Rien que pour ça ça valait le coup de venir ici.

Je ne ferai pas de commentaire sur le film, puisque je n’y aurai rien compris, mon hôte non plus d’ailleurs. Usé par la fatigue,je retrouvais rapidement la chambre d’ami. Je m’endormais une nouvelle fois sous les reflets orangés, mais cette fois-ci non pas grâce au soleil mais par la réflexion des lampadaires sur les pierres calcaires ocrâtes de la maison voisine.

Itinéraire de la quatrième journée