Voyage Dordogne – Jour six

Voyage Dordogne – Jour six

27 février 2021 0 Par Amaury

Jeudi 27 août 2020

Gêné par un léger bruit de moteur thermique, je sors de mon sommeil et ,d’un air attentif, j’écoute ces nuisances qui semblent s’approcher de plus en plus de mon campement. J’imagine alors les agents municipaux qui viennent remettre en état l’air de repos à coups de souffleuses. Je ne souhaitais pas être découvert dans mon hamac, dans cet état. Je me pressais alors à sortir brusquement du hamac et troquais hâtivement ma tenue de nuit pour une tenue plus présentable.

Sans prendre la peine d’observer mon environnement, j’aperçois tout de même et de manière furtive, un infime voile rouge à travers les arbustes qui m’interpelle. Je n’avais en effet pas souvenir de sa présence le jour précédent, je lève alors davantage la tête et m’approche peu à peu de ce mystérieux objet d’où semblait provenir les précédents grésillements. J’y verrais apparaitre progressivement ce qui n’était qu’en fait.. trois immenses montgolfières en pleine phase de décollage ! Une cinquantaine de mètres séparait mon bivouac d’une aire de décollage de montgolfière, les sons correspondaient aux nombreux coups de flamme des différents brûleurs, pour faire enfler ce que l’on appelle l’enveloppe. J’y crois à peine et j’en deviens presque ému de voir un spectacle aussi inentendu que splendide! Je m’active et récupère mon appareil photo pour immortaliser ce moment, qui semble être une récompense à mes derniers jours isolés de l’activité humaine.

Je poursuis pour le coup les montgolfières qui montent peu à peu dans le ciel, dans une brume éclatante de lueurs rose-orangées du levé de soleil. Une ambiance à peine croyable qui se mélange parfaitement avec les voiles rouges et les flammes des montgolfières. Celles-ci se montreront en spectacle en faisant des acrobaties avec des phases de vol en rase motte au niveau du cours d’eau, pour en remonter aussi tôt et éviter les arbres à proximité. En contemplant ce moment, je savais que j’allais obtenir des photos d’un rendu incroyable, des photos dont je rêvais depuis longtemps ! Par les textures douces, enveloppées et colorées, en plus d’une ambiance privilégiée aux aurores du matin.

Leur ascension dans le ciel s’accompagne du levé de la brume, on commence alors à distinguer une autre montgolfière, puis deux, puis cinq, puis une vingtaine de ces nacelles volantes qui montent précipitamment au dessus des terres du Périgord, pour profiter des premières lueurs du matin.

Ces quelques minutes de fantaisie m’auront permis de démarrer la journée d’un air serein, avec les yeux d’un enfant émerveillé qui n’en demandait qu’à en découvrir davantage. Je me posais pour le moment tel un pique-niqueur sur une table pour rassembler un brunch légèrement gourmand, composé de nombreuses viennoiserie avec son petit litre de thé quotidien.

L’étape hébergement du soir sera Saint-Cyprien, un ami de la famille que je n’ai jamais connu y est prêt à m’accueillir pour la nuit. La route étant très courte, je pars tout d’abord à la découverte des campagnes environnantes, et me plonge dans les collines périgourdines pour découvrir les contrastes de ces paysages.

Château des Milandes

À coup d’ascensions et de descentes répétitives, en traversant les prairies et forêts exploitées le long d’une route peu empruntée et empruntable, je me dirige sans le savoir vers Belvès. Perchée sur son éperon escarpé, cette petite bourgade fortifiée a gardé son charmant mais historique patrimoine, elle domine une large vallée environnante.

Belvès visible depuis la vallée (sommet de la colline en face)

Après une brève visite du centre de cette cité historique pour récupérer du pain, des légumes, du fromage et des fruits chez les différents artisans, je m’installais sur une aire de repos surplombant la vallée de la Dordorgne. Je profitais alors de ce cadre pour récupérer des précédents efforts. Quel plaisirs de pouvoir voyager librement dans ces endroits si riches en histoires et en paysages, d’improviser des festins apportant un peu de confort face à cette aventure vagabonde.

Une légère sieste suffira à récupérer les forces nécessaires à l’après-midi, je m’habitue aux difficultés rencontrées lors des sessions intenses de vélo et ressent un réel développement musculaire sur tout le corps. Les ascensions sont moins éprouvantes qu’aux premiers jours.

J’optais pour un circuit plus long avec le minimum de dénivelé pour prendre le temps de finir cette journée. Je remonte ainsi au sommet de la colline de Belvès et débute une escapade dans les chemins forestiers, eux-même empruntés par des camions à la saison des coupes. Le chemin est alors plutôt agréable, bien qu’un peu escarpé à certains endroits. Mais plus je poursuis la descente, plus je me retrouve coincé dans des terrains argileux marqués par les sillons des rares tracteurs du coin.

Je tente en vain de chercher le meilleur endroit pour circuler sur le chemin difficilement carrossable. Une fois aux bords, une fois au centre, une autre fois à gauche puis à droite, mais partout les ornières me font ressentir à moi et mes sacs les saccades des pistes dépravées. Je ne suis plus sur une partie de plaisirs, je m’agace à pédaler et me demande lorsque cela prendra fin, tout en évitant les quelques ronces sur les bords de chemin. Le pire est encore à venir, le GPS m’indique ce chemin sur plusieurs centaines de mètres, alors que j’arrive peu à peu à une forêt dense et impraticable à vélo. Je me vois obligé d’avancer pieds à terre, à travers les fougères et bois morts. Ces obstacles arrêteront net mes nombreuses tentatives de relancer ma course à vélo avec ses 39 kilos à assumer.

Après avoir maudit le GPS, je me retrouve enfin face à une route goudronnée, je m’y hâte et plonge soudainement dans un fossé caché par une végétation dense. À la limite de perdre mon calme, je reprends mon sang-froid et reste épaté par l’impassibilité du vélo, qui restent malgré toutes ses galères debout et prêt à m’emmener jusqu’à la fin de mon aventure.

Je reprends mon souffle, et me rappelle que ce n’est qu’en avançant que j’y arriverai. Stoïque, je reprends la route en évitant les raccourcis peu engageant de mon GPS. Malgré tout, je n’ai pas de choix que d’emprunter un chemin de randonnée pour rejoindre Saint-Cyprien le long de la Dordogne. Et celui-ci devait être plaisant en VTT, mais pas avec un vélo de voyage. Cailloux sur cailloux, je tente de contrôler ma vitesse sans déraper. Je prends tout de même mes aises sur ce chemin sinueux, mais remarque un instant plus tard que ma gourde n’était plus à sa place, ainsi que les quelques affaires attachées avec non plus. Dans un élan de démotivation, je pose mon vélo, et débute une course de plusieurs minutes pour récupérer petit à petit mes affaires perdues en cours de route sur le chemin. Heureusement, cette exaspération me motivera davantage à regagner la route et à arriver à destination de Saint-Cyprien pour en finir avec ces difficultés.

Une partie de mes affaires perdues sur les chemins de VTT

J’aperçois ensuite, aux environs de 18h, la commune de Saint-Cyprien clôturant l’agréable voie verte au droit du cours d’eau de la Dordogne. C’est un accueil formidable et sincère que m’offrent les amis de mon oncle, je suis rapidement convié à table pour partager mon aventure qui laissa perplexe mes hôtes, Christian et Colette, aillant du mal à se représenter ce type de loisir. Rapidement, ils me laisseront les clés et de quoi me nourrir le temps qu’eux retrouvent un de leur proche dans le centre-ville. C’est un confort inestimable d’obtenir la confiance d’inconnus, pour récupérer un peu de confort et de quiétude durant ce type de voyage. Le plus grand confort dans ce voyage a bien été de pouvoir prendre sa douche aussi aisément.

Saint-Cyprien – Dernier couché de soleil de ce voyage et l’un des plus beaux

Je prenais même le temps de me poser dans un bar pour retracer mes derniers jours dans mon carnet. À noter au fur et à mesure les évènements marquants, au côté d’une petite bière à 8°. Je retrouverais par la suite mes hôtes et les lâcha rapidement pour récupérer de cette journée éprouvante en frustration et contemplation.

Itinéraire de la sixième journée